Consciente de l’importance de promouvoir l’exportation de l’huile de l’olive, la Tunisie a opté pour une stratégie qui repose sur des initiatives et des mesures avant-gardistes et prometteuses. On citera à ce propos les fonds d’encouragement mis à la disposition des exportateurs d’huile d’olive tunisienne.
Le Fonds de Promotion des Exportations (FOPRODEX)
C’est un mécanisme de soutien financier mis à la disposition des exportateurs par l’État tunisien pour leur permettre d’accéder au marché international et dont la gestion a été confiée au Cepex.
Ses domaines d’intervention sont :
Fond de Promotion de l’Huile d’Olive Conditionnée(FOPROHOC)
Le Fonds de Promotion de l’Huile d’Olive Conditionnée (FOPROHOC ), créé en 2006, est alimenté par l’application d’une taxe parafiscale de 0,5 % prélevée sur la valeur en douane des exportations de l’huile d’olive en vrac. Sa gestion a été confiée au PACKTEC et son action consiste à installer une culture de performance et à dynamiser l’exportation.
Ce fonds a pour objectif principal la valorisation de l’huile d’olive tunisienne à travers le financement des programmes de promotion générique de l’huile d’olive tunisienne sur les marchés cibles, mais également à travers le soutien et l’assistance de l’entreprise tunisienne en vue de développer sa production de l’huile d’olive conditionnée et de promouvoir son exportation sur les marchés extérieurs.
Ainsi, le FOPROHOC met à la disposition des entreprises exportatrices d’huile d’olive des moyens financiers et stratégiques pour les appuyer dans leur démarche d’exportation, à savoir :
L’Agence de Promotion des Investissements Agricoles
L’APIA est un établissement public à caractère non administratif créé en 1983 et dont la mission principale est la promotion de l’investissement privé dans les domaines de l’agriculture, de la pêche et des services associés, ainsi que dans les activités de la première transformation intégrées aux projets agricoles et de pêche.
Ses Missions
Les services de l’APIA sont destinés aux agriculteurs, aux pêcheurs, aux jeunes promoteurs et aux investisseurs tunisiens et étrangers, à travers notamment :
Moyens à sa disposition
L’APIA dispose de différents moyens lui permettant de bien accomplir ses missions. Parmi ces moyens, on peut citer : un bureau de relations avec l’investisseur à Tunis (au niveau central), chargé d’accueillir, d’orienter et d’encadrer les promoteurs ; une direction régionale dans chaque gouvernorat (24 directions) où plusieurs filières phares ont connu un essor appréciable et ont enregistré des performances inédites, notamment l’huile d’olive ; des comités d’octroi d’avantages au niveau central et régional ; des équipes de spécialistes dans l’évaluation des opérations d’investissement ; l’organisation de manifestations économiques ainsi que la formation des jeunes promoteurs et leur encadrement en matière de promotion de la qualité des produits tunisiens.
L’Union tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP)
L’UTAP est un syndicat agricole tunisien représentant les professionnels du secteur primaire du pays, qui a été fondé en 1949 sous l’appellation d’Union Générale des Agriculteurs Tunisiens (UGAT), puis a été supplanté par l’Union Nationale des Agriculteurs Tunisiens (UNAT) en 1955, avant d’adopter son nom actuel en 1995. L’UTAP dispose d’une structure centrale à Tunis et de structures régionales dans tous les gouvernorats du pays.
Objectifs
Ses objectifs sont :
La Tunisie s’est forgée aujourd’hui une place de choix sur le marché mondial de l’huile d’olive en exportant environ 75% de sa production et en se plaçant au rang de 2ème exportateur mondial après l’Union européenne avec une moyenne de 157 000 tonnes par an durant les cinq dernières années.
Toutefois, les exportations d’huile d’olive tunisienne ont enregistré, durant ces cinq campagnes, des niveaux très variables; des niveaux très bas de 70 000 Tonnes en 2013/14 à très élevés de 312 000 tonnes en 2014-2015.
En plus des marchés traditionnels tels que l’Europe et l’Amérique du nord, l’huile d’olive tunisienne a pu conquérir, de part sa qualité, plus de 57 nouvelles destinations au Moyen Orient, en Asie, en Afrique, en Australie et en Amérique du Sud.
L’huile d’olive en vrac est exportée vers 32 destinations. L’huile d’olive conditionnée continue elle aussi à conquérir de nouveaux marchés, et est actuellement distribuée dans 53 pays sur les 5 continents.
Répartition des exportations totales d’huile d’olive au 31 Octobre 2016 ( Source www.bulletin.onh.com.tn)
Répartition des exportations d’huile d’olive en vrac au 31 Octobre 2016 ( Source www.bulletin.onh.com.tn)
Répartition des exportations d’huile d’olive conditionnée au 31 Octobre 2016
Le positionnement de l’huile d’olive tunisienne en Italie durant les 5 dernières campagnes (source : helpdesk European commission)
Le positionnement de l’huile d’olive tunisienne en Espagne durant les 5 dernières campagnes (source : helpdesk European commission)
Le positionnement de l’huile d’olive tunisienne en France durant les 5 dernières campagnes (source : helpdesk European commission)
Evolution des exportations de l’huile d’olive Tunisienne aux Etats Unis (Source : La douane Tunisienne)
Les exportateurs d’huile d’olive
Environ 100 exportateurs d’huile d’olive de Tunisie sur le marché international, de l’Amérique latine, à l’Amérique du Nord, de l’Australie à l’Asie, de l’Europe à l’Afrique, aux pays du Golfe et du Moyen-Orient.
Répartition des exportateurs en fonction du volume exporté et du revenu engendré
Répartition régionale des exportateurs
La majeure partie des exportateurs d’huile d’olive est basée dans la région de Sfax. Ceci s’explique par les vastes superficies plantées d’oliviers dans cette région, ainsi que par le très grand nombre d’huileries qui y sont installées, soit 342.
La région du grand Tunis se situe en deuxième position, avec 25 % des exportateurs. Ceci explique le grand nombre de sociétés d’exportations installées dans la capitale.
Le Nord se place en 3e position, avec un taux de 21 %, puisque cette région est une région agricole par excellence, avec un potentiel d’expansion non négligeable.
Les oléifacteurs
On trouve plus de 1500 huileries réparties sur tout le territoire, comme le décrit la carte suivante :
Si on compare la répartition des huileries sur tout le territoire à celle de la production, on remarque que le nombre des huileries est, dans certains gouvernorats, disproportionné par rapport à la production. Ceci est dû à l’encadrement fourni par les structures d’appui à la production et aux mesures incitant à l’investissement pour l’ouverture d’huileries nouvelles.
Ce grand nombre d’oléifacteurs explique aussi la très grande proportion d’huile de qualité au niveau de la production, puisque la durée de stockage des olives entre la cueillette et la trituration est de plus en plus courte et ne dépasse pas les 24 heures dans la plupart des cas.
Les Sociétés de Mise en Valeur et de Développement Agricole (SMVDA)
Origine des SMDVDA.
La mise en valeur des terres domaniales agricoles, depuis leur nationalisation en 1964, était exclusivement réalisée par l’Office des Terres Domaniales (OTD) et les Unités Coopératives de Production Agricole (UCPA), souvent sous forme d’une simple exploitation archaïque et marginale.
Toutefois, depuis le début des années 1980, et afin d’améliorer le rendement des terres domaniales agricoles, de moderniser leurs systèmes de production et aussi de renforcer leur contribution à la sécurité alimentaire, à la création de d’emplois et à la promotion de l’exportation des produits agricoles, l’État a décidé de créer des SMVDA pour alléger la pression sur l’OTD, en louant ces terres à des Sociétés de Mise en Valeur et de Développement Agricole (SMVDA) qui ont été créées par les banques de développement, à l’instar de la BNDA (actuellement BNA), la BTKD (actuellement BTK), la BTEI (actuellement BTE), la BTQI, la BDET, la STUSID, l’Instance Arabe d’Investissement et de Développement Agricole, etc.
Ces sociétés ont été créées sur des noyaux d’UCPA souvent regroupés au sein de « mégaprojets », avec des investissements généralement lourds, pour promouvoir surtout les secteurs de l’élevage bovin laitier, l’élevage ovin à viande, la céréaliculture et l’arboriculture fruitière.
Modalités de fonctionnement
Les SMVDA exploitent et gèrent des terres domaniales, généralement moyennant des contrats de location, et sont réparties sur plusieurs gouvernorats. Ce sont des gestionnaires pratiques d’une grande partie de l’important patrimoine de la Tunisie. Ces grandes fermes ont été récupérées auprès des colons européens après un dur mouvement national. Après l’amère expérience collectiviste qui a suivi l’indépendance, les diverses formules de gestion essayées par la suite (Unités Coopératives de Production, agro-combinats, fermes pilotes, fermes domaniales…), les SMVDA sont apparues pour l’État comme « la meilleure formule de gestion » pour exploiter au mieux la terre, mobiliser les capitaux privés, faire appel à un autofinancement massif, introduire les innovations techniques et mettre en application les résultats de la recherche, le tout pour atteindre la sécurité alimentaire et exporter les excédents. Certaines ont même reçu d’imposantes superficies irriguées pour valoriser au mieux ces eaux si coûteusement mobilisées par L’État. En peu de mots, l’État a mis entre les mains de ces sociétés de quoi devenir non seulement le grenier de la Tunisie, mais également des pôles de rayonnement à suivre et une véritable locomotive de l’agriculture.
Parmi ces SMVDA, certaines ont fait preuve de réussite durant ces années de gestion et ont acquis un savoir-faire. Elles ont profité de l’autofinancement qu’elles ont apporté et des technologies de pointe qu’elles ont utilisées. Elles ont rayonné dans leurs régions respectives et ont rénové dans le milieu rural. Elles ont grandement ouvert leurs portes sur le terrain pour montrer ce qu’elles réalisent, ce qu’elles investissent et ce qu’elles récoltent. Leurs résultats et performances prouvent qu’elles sont devenues « un fleuron de l’agriculture tunisienne » sur lequel compter pour relever les défis de la mondialisation.
Les exploitants privés
L’office des Terres Domaniales est une entreprise publique créée en 1961, qui gère une superficie de 156 000 hectares repartis sur 30 agro-combinats et unités agro-industrielles.
Missions
Les principales missions assignées à l’OTD s’articulent autour des axes suivants :
Répartition des oliveraies
La superficie agricole cultivable est de 97 563 hectares, dont 62 721 hectares d’oliviers. Au cours des cinq dernières années, la moyenne annuelle de la production d’huile d’olive a oscillé entre 3 000 et 7 000 tonnes.
Bénéficiant d’une implantation sur l’ensemble du territoire tunisien, l’OTD est caractérisé par la richesse et la diversité de son potentiel de production, entre grandes cultures (17 794 ha), cultures maraichères (186 ha), arboriculture fruitière (66 563 ha, dont 62 261 ha d’oliviers, soit 94 %) et enfin, parcours et forêts (70 641 ha).
Le tableau ci-dessous montre la répartition des superficies des terres domaniales plantées d’oliviers, entre les différents agro-combinats de l’OTD :
En sec (ha) | En irrigué | Total | |
NORD | 3 009 | 66 | 3 075 |
SAHEL | 1 814 | 1 814 | |
SFAX | 40 969 | 17 | 40 986 |
CENTRE | 11 856 | 527 | 12 383 |
SUD | 66 365 | 610 | 66 975 |
TOTAL TUNISIE | 12 4013 | 1 220 | 125 233 |
Ainsi, les domaines de l’État de l’OTD sont répartis entre les régions dans les proportions mentionnées ci-dessous :
Les surfaces irriguées ne représentent que 2 % des terres domaniales.
L’Institut de l’Olivier est un établissement public à caractère administratif placé sous l’autorité du ministère de l’Agriculture et rattaché à l’Institution de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur Agricoles (IRESA).
Missions
C’est un institut de recherche spécialisé en oléiculture, oléotechnie et arboriculture fruitière, chargé d’entreprendre toutes actions de recherche, d’étude et d’expérimentations de nature à développer et promouvoir le secteur oléicole et celui de l’arboriculture fruitière en zones semi-arides, sur les plans agronomique, technologique et économique. Il est également chargé de :
D’un point de vue général, les activités se font sous forme de recherches, de formations, de vulgarisation et de participation au développement.
Sur le plan structurel, l’Institut dispose d’un siège social, d’une annexe et d’une unité d’expérimentation agricole à Sfax. Des stations régionales sont aussi réparties entre Tunis, Sousse et Zarzis.
Coopération de l’Institut de l’Olivier sur le plan international
L’Institut coopère, dans le cadre de recherches et de projets, avec des organismes internationaux tels que :
L’Institution de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur Agricoles est un établissement public à caractère administratif doté d’une personnalité civile et d’autonomie financière.
Mission de cette institution
L’IRESA est chargée d’accomplir les missions suivantes :
L’IRESA entretient des liens bilatéraux importants avec les pays de l’UMA (Union du Maghreb arabe), du Moyen-Orient, du Golfe, d’Europe, d’Amérique et d’Asie.
Dans le cadre de la coopération multilatérale, l’IRESA participe à plusieurs projets et programmes de recherche dans le cadre des programmes-cadres de recherche-développement financés par l’Union européenne en collaboration avec des équipes scientifiques des deux rives de la Méditerranée.
Participation à des programmes de recherche
L’IRESA participe à plusieurs programmes de recherche-développement régionaux et interrégionaux en collaboration avec des organisations internationales telles que:
Biodiversity International
Missions de l’IRESA en matière de recherche
L’olivier a façonné, au fil des millénaires, les paysages, l’histoire, la culture et la gastronomie du bassin Méditerranéen, qui est encore aujourd’hui le cœur productif et commercial de l’huile d’olive. L’oléiculture y est en fait une activité synonyme d’histoire ancienne et récente de la population. Si le bassin Méditerranéen est considéré comme le berceau de notre civilisation, l’olivier fait également partie de notre culture. Pendant des milliers d’années, l’huile d’olive a été importante dans toutes les grandes civilisations qui ont prospéré en Méditerranée et en Tunisie. Riche de son histoire dans la région du bassin Méditerranéen, l’olivier fut amené du Moyen-Orient en Tunisie par les Phéniciens, fondateurs de Carthage. De nombreuses civilisations méditerranéennes, Phéniciens, Grecs, Carthaginois, Romains puis Arabes se relayèrent à travers l’histoire dans une tradition livrée de père en fils pour transmettre le savoir-faire de la culture de l’olivier.
La Tunisie est ainsi devenue l’héritière de deux mille ans de savoir-faire en matière de culture d’oliviers et donc « une oliveraie par excellence », avec des plantations qui s’étalaient sur une grande partie du territoire, en commençant par l’ile de Cyraunis (Kerkena) en passant par Byzacène (le Cap bon) et Hadrumète (Sousse) pour finir dans les steppes de Kasserine et, dans le sud, autour de Zarzis et de l’ile de Djerba.
À l’époque des Carthaginois, une véritable culture de l’olivier commença à se répandre grace aux avantages accordés aux paysans qui créaient des olivettes. Puis, les Romains la développèrent davantage, en intensifiant l’irrigation sur cette terre où la pluie se faisait rare, et en inventant la technique d’extraction de l’huile, comme en témoignent les fouilles de Sbeitla et El Jem, les nombreuses mosaïques romaines découvertes à Sousse, les objets archéologiques et ethnographiques et les ustensiles recueillis, qui certifient l’importance de l’huile d’olive dans la vie de tous les jours et l’art de vivre des peuples à travers l’histoire de la Tunisie.
On peut encore admirer les vestiges spectaculaires du Temple des Eaux, source d’approvisionnement des eaux de Carthage et d’irrigation des terres agricoles par la voie des aqueducs, sur une distance de 132 km, à Zaghouan. Enfin, les Arabes d’Andalousie s’installèrent en Tunisie, profitant des facilités offertes à l’époque pour acquérir des fermes et cultiver l’olivier.
De plus, et en raison de son importance dans la vie quotidienne des peuples dans l’Antiquité, l’huile d’olive a donné lieu à un commerce florissant et est devenue une source de richesse pour toutes les civilisations qui ont marqué l’histoire de la Tunisie.
Les habitants des pays des deux rives de la Méditerranée ont profité de cette culture et de ses bienfaits au cours de leur histoire. Outre l’olive et l’huile, ils ont utilisé également les branches (baguettes) comme bois, la valeur calorique des grignons pour le bétail et parfois certaines margines comme engrais biologique sur les sols sableux (expériences déjà entamées en Tunisie).
D’après les nombreux historiens, en Afrique du Nord, principalement dans les quatre pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie et Libye), la culture de l’olivier est passée par plusieurs périodes. Nous relevons :
L’historien El Yaquoubi décrivait que l’olivier régnait dans la région sfaxienne au 9e siècle puis qu’au 11e siècle une dégradation des superficies plantées a été constatée. Durant la période coloniale, certaines régions comme le Sahel tunisien, les hautes plaines du Nord, Béja, Siliana, le Kairouannais, Sidi Bouzid et la presqu’île de Zarzis ont été replantées. En Tunisie, le maximum de l’extension de la culture de l’olivier reste toutefois la période romaine et de vieux oliviers noueux en témoignent dans le Nord (cap Bon) et dans le Sud (en particulier à Djerba).
Selon Tahar Ghalia, Conservateur du musée du Bardo, la culture des oliviers et les techniques de pressurage en Tunisie remontent au savoir-faire ancestral des Phéniciens. Des écrits d’Hérodote témoignent de la présence d’oliviers, à son époque, sur les îles Kerkennah. En outre, la découverte de la villa romaine de Wadi Arremel à Zriba, (Zaghouan), apporte un témoignage concret de l’importance de cette culture. À partir de la taille des cuves, on a pu déterminer que le domaine pouvait atteindre cent mille hectares. Les ruines prouvent que la méthode de pressurage utilisée était celle du levier. Plusieurs autres vestiges attestent des liens profonds qui existent entre l’histoire du pays et l’huile d’olive.
Cette oliveraie millénaire ne peut tout de même pas rester archaïque et la Tunisie a, dans ce sens, fourni et ne cesse de fournir des efforts pour développer le secteur de l’olivier, tout en s’alignant sur les modèles des grands producteurs européens, de l’amont à l’aval, de la recherche, aux établissements publics, aux producteurs publics et privés, et aux oléifacteurs pour arriver aux exportateurs et au label tunisien.